jeudi 1 novembre 2007

how queer vik muniz is

« Si je dessine le portrait de quelqu’un avec un crayon, c’est juste un dessin et rien d’autre. Mais si je fais le même dessin avec de la mélasse et qu’une colonie de fourmis s’y promène, cela devient soudain miraculeux. »

Vik Muniz and Charles Ashley Stainback: A Dialogue. Seeing is Believing, Arena Editions. Verona, 1998.


Parce que j'ai appris quelques mois après qu'il s'est suicidé qu'il aimait Lewis Carroll et son oeuvre, je dédie ce billet à JB, que j'admirais beaucoup. Chaque jour, son fantôme me hante, et si la vie me permet d'entreprendre des études en philosophie, j'obtiendrai mon doctorat en sa mémoire, parce que la maladie ne lui en a pas laissé le temps, à lui...
Vik Muniz, un artiste brésilien de renommée internationale, réalise des photographies à partir d’images connues tirées de l’histoire de l’art, de Hollywood et de la culture pop. Il est un artiste changeant qui transforme l’image originale et crée une œuvre nouvelle. Il travaille de manière surprenante et non conventionnelle, réalisant ses portraits à partir d’une liste de matériaux extraordinaire : chocolat, encre, beurre de cacahuètes, sucre, fil, colle, poussière et plus récemment diamants et caviar ont été utilisés.

Muniz s’est d’abord entraîné en tant que sculpteur. Son observation minutieuse du monde artistique new-yorkais dans les années quatre-vingts et quatre-vingt-dix l’a amené à sa propre pratique, centrée sur l’utilisation de la photographie. Son œuvre répond aux conventions de l’histoire de l’art, en utilisant consciemment des images qu’il s’approprie à ses propres fins. En ce sens, il perpétue la tradition de Man Ray, Marcel Duchamp et Andy Warhol.

Les œuvres, soigneusement construites dans son studio, révèlent une étonnante capacité à manipuler les matériaux. Elles sont éphémères, seule la photo de l’œuvre perdure. Dans le cas de Double Elvis (Images de chocolat) et Marilyn la Sanglante, la surface liquide était encore humide quand il l’a capturée et gardée sous forme de photographie ; une image d’une image.

Que l’image soit une peinture connue de tous, telle Le Cri de Munch, une figure historique ou une icône du cinéma, chacune est exécutée dans son propre matériau unique ; le Che Guevara révolutionnaire est en soupe de haricots rouges, la Créature du Lagon Noir (qui fait partie de la série Monstres et Divas) en caviar noir. Des milliers de véritables diamants, empruntés pour la journée et retournés après avoir été utilisés, ont servi à réaliser ses portraits de Marlene Dietrich et Sophia Loren.

Son observation des changements dans la société et la culture brésiliennes lui a inspiré la série Images de Magazines. Il réalisa des images de Brésiliens de tous les milieux, depuis les serveurs et vendeurs de rue jusqu’aux actrices et chanteurs. L’artiste tenait à exprimer ce que signifiait le fait d’être brésilien aujourd’hui…*

(*traduction rapide par js d’une partie de la brochure proposée au BALTIC, Centre d’Art contemporain de Newcastle)

Alice Liddell, after Lewis Carroll (Rebus), 2004.

Je me suis retourné et je l'ai vu, à l'autre bout de la salle d'exposition, tandis qu'une vague de frissons me traversa le corps. L'original :
N'oublions pas, à travers une oeuvre présentée quelques mois plus tard à l'endroit même où trônait la Reine Alice, de remercier mille fois Andy Warhol pour ce mouvement artistique qui en a inspiré tant d'autres :
http://thankyouandywarhol.com/